Remords... (Pv Shayla)

Cela faisait environ deux jours qu'elle n'avait pas dormi du tout, son cerveau refusant d'accorder à son corps le repos nécessaire. Complètement épuisée, elle n'arrivait à tenir debout que grâce à l'adrénaline que lui fournissait le manque de repos. Aussi, elle était particulièrement irritable et se retrouvait souvent au centre d'altercation l'opposant à des élèves de sa classe, voit même parfois à des professeurs bien qu'elle réussissait mieux à se contrôler face à eux et qu'ils étaient relativement indulgents. Aussi elle passait tout son temps libre dans les murs du château à lire les rapports sur la société que lui faisait parvenir le collaborateur de son père qui le remplacé en attendant qu'elle puisse prendre les rênes de celle-ci. Mais aujourd'hui, ayant mal aux yeux et à la tête elle avait décidé exceptionnellement de sortir.

En sortant du château, le soleil l'éblouit et elle eu du mal à s'habituer à la luminosité de l'extérieur, trouvant presque étrange le contact du vent sur sa peau bien que ça restait une sensation des plus agréable. Cela détendit quelque peu la jeune élève qui décida de prendre la direction du lac qui se trouvait plus loin et qui s'étendait assez loin. La jeune fille eu vite fait de traverser le parc pour arriver sur les berges de l'étendue noire d'eau. Elle s'assit là et s'allongea un moment avant de se relever pour s'asseoir à nouveau, se tenant penché en arrière, appuyé sur un bras. Lorsque des bruits de pas s'approchèrent d'elle. Elle ne regarda pas tout de suite qui venait, ne sachant pas vraiment si la personne se dirigeait vers elle et lorsqu'elle la vit s'asseoir, elle fut assez surprise de reconnaître le jeune homme qu'elle avait croisé l'autre jour et qui avait eu l'audace de l'embrasser.

Elle resta un moment à continuer de contempler le lac après qu'il l'eut saluer. Suite à quoi elle fini tout de même par parler.

-Je sors ma baguette maintenant où j'écoute ce que tu me veux avant?

C'est après avoir dit ça sur le ton sarcastique qu'elle avait pris l'habitude d'employer depuis quelques temps qu'elle observa plus attentivement le jeune homme et remarqua les yeux rouges et légèrement gonflé du Poufsouffle. Elle comprit alors qu'il avait pleuré puis elle regarda à nouveau le lac.

-Qu'est-ce qui s'est passé?

Contrairement à ce qu'aurait pu penser Shayla, Mallory lui répondit, lui parlant de ce qui n'allait pas. Elle l'écouta attentivement. Est-ce que la perte d'un être cher justifiait un tel comportement? Est-ce que des déceptions donnaient le droit de faire n'importe quoi? Au final elle n'en savait trop rien et ne pouvait pas vraiment blâmer le jeune homme, elle connaissait les même douleurs et n'agissait pas forcément mieux. Néanmoins ça n'empêchait pas le fait que le comportement du jeune Poufsouffle avait été parfaitement stupide. Il avoua également se sentir pitoyable d'avoir fait ça, et ses excuses semblaient sincères. Shayla ferma les yeux un court instant puis les rouvrit lorsqu'il eut fini son discours pour regarda le jaune et noir. Elle hésita un instant à prendre la parole, choisissant aussi soigneusement que possible ses mots.

-Rancoeur, déception, frustration, faiblesse, haine... Et la liste est encore longue. Tout ça, on l'a tous connu un jour à différent degré, on a tous perdue et gagné en vivant ce que l'on vit. Après c'est à nous d'être capable de nous en sortir, en partie tout du moins, car il y aura toujours quelqu'un pour vous lancer une corde et vous sortir du puit, aussi profond soit-il.

Elle reporta à nouveau son attention sur le lac, regarda au delà les montagnes l'entourant, qui se dressaient majestueusement pour l'encercler et au final le protéger.

-A chacun de trouver cette personne, qui elle aussi est humaine et peut nous décevoir parfois... Mais la peur de décevoir n 'est-elle pas plus grande que celle d'être déçue?

Elle lâcha finalement un soupir et regarda à nouveau le jeune homme.

-Je ne t'en veux pas, enfin, si un peu, mais ça va. Néanmoins je ne crois pas pouvoir te pardonner tant que les autres subiront ce que tu fais juste parce que tu es incapable de gérer tes émotions.

La jeune fille écouta attentivement les paroles du Poufsouffle. Oui, être prêt à tout pour se sentir mieux... La jeune fille eu un frisson en repensant à ce qu'elle avait faillit faire alors qu'elle venait juste d'apprendre la mort de ses parents à la volière. Elle aurait pu se retrouver à Azkaban si Matt Owen ne l'en avait pas empêché. Puis il lui proposa son aide. Shayla haussa un sourcil. Alors même qu'il n'était pas en mesure de s'occuper de lui-même il proposait son aide aux autres? Très paradoxale comme comportement. La Gryffondor soupira.

-Crois-moi, quand on déçois quelqu'un il est généralement fort probable qu'on décoive également sois-même.

Elle parlait plus ou moins en connaissance de cause. Combien de fois avait-elle dû décevoir ses parents? Et lorsqu'ils avaient lu les articles dans la gazette à son sujet, avaient-ils été déçus qu'elle n'arrive pas à rester aussi discrète qu'eux? Ou bien même avaient-ils soufferts de ses choix? Décevoir quelqu'un qui compte pour nous crée une déception chez soi. La douleur de décevoir les autre et d'être déçu par soi...

-Je sais, j'ai également fait l'expérience de mes propres emportements récemment...

Lorsqu'il osa enfin la regarder, la jeune fille tourna la tête dans sa direction. Leurs regards se croisèrent et Shay eu un très léger sourire malgré son état actuel, ce qui constituait plus ou moins un exploit.

-Et bien pour commencer peut-être pourrais-tu me donner ton nom. Je m'appelle Shayla Ildingann.

-Ah? Moi je trouve qu'il s'agit plus d'un prénom masculin... Mais bon, chacun sa vision des choses.

Puis suite à ça, il lui demanda à son tour ce qu'elle faisait ici. La jeune fille tourna son regard vers le lac et laissa son esprit être absorbé par ses pensées. La raison de sa présence ici lui revenait petit à petit en mémoire et elle se rappela de nombreuses chose sur le moment, sur ses parents et elle, sur leurs moments passées ensemble, même sur son frère et leurs moment heureux. En fait, à la mort de son jumeau elle croyait qu'on lui avait ôté son innocence, mais elle se trompait. Il lui en restait au fond d'elle-même et la mort de ses parents lui avaient ôté cette dernière passerelle d'espoir sur laquelle, fragile, elle s'avancé avant qu'elle ne finisse par céder. Maintenant elle se trouvait dans un gouffre sans fond dont elle ne pourrait sans doute pas se sortir seule, mais y avait-il seulement quelqu'un sur terre qui pourrait la remonter à la surface et lui assurer des prises plus solides? Elle l'ignorait et en doutait, elle se demandait si elle pourrait ou non les trouver ici. Elle se rappela alors la question de Mallory.

Regardant à nouveau le jeune homme, elle saisit un brin d'herbe entre ses doigts et le fit tourner entre ceux-ci.

-J'avais juste besoin de me détendre un peu... Si je ne sortait pas, j'aurais finis fossilisée devant mon bureau à lire tout un tas de document d'un ennui mortel.

Oui, elle trouvait le fait de lire tout ça mortel, mais nécessaire.

Les mots de Mallory frappèrent la Gryffondor aussi surement que s'il lui avait donné un coup de poing dans l'estomac. Son rythme cardiaque s'accelléra et ses entrailles se nouèrent, tandis qu'elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle ferma les yeux pour les empêcher de couler. Une boule s'était formé dans sa gorge. Elle soupira un bon coup pour faire partir tout ça, espérant sans doute que ça le ferait. Elle rouvrit les yeux, qui étaient de nouveau secs. L'étaux lui compressant l'estomac se desséra un peu bien que sa gorge resta noué. Elle se leva alors d'un coup.

-Je sais tout ça, ne t'en fais pas.

Sa voix était plus dur qu'elle ne l'aurait voulut, mais au moins elle ne dérailla pas. Shayla tourna son regard vers le jaune et noir. Oui, il n'était pas le seul à avoir perdu ses parents, mais il ne savait pas que c'était également le cas de la jeune fille, alors s'énerver contre lui ne servirait à rien, bien qu'elle sentait la tristesse laisser place à la colère, comme pour ne pas montrer ses faiblesses.

-Mais je ne pourrais plus jamais le faire, je ne m'en suis rendu compte que trop tard!

On sentait sa rage dans ses propos. Aussi calme qu'elle pouvait paraître, elle n'arrivait pas à contrôler vraiment bien ce qu'elle ressentait. Elle avait de plus en plus de mal à cacher ses sentiments et avait conscience qu'un jour, cela exploserait. En attendant elle se trouvait dans un entre-deux, situé entre calme et tristesse. Elle ne parvenait pas à retrouver l'équilibre qu'elle avait su conserver tant d'années.

-C'est tellement injuste!